Episode Description

Rebecca est l'une des personnes les plus fortes que je connaisse. Je l'ai rencontrée dans le cadre du travail il y a quelques années, et dès le premier jour je l'ai adorée. Elle ne m'avait jamais parlé de sa santé.


Alors quand, il y a quelques mois, elle m'a demandé par message si j'acceptais de faire un épisode avec elle, j'étais à la fois touchée et honorée. Touchée car je sais qu'elle se confie peu, et honorée car elle a compris ce que j'essayais de faire avec ce podcast, c'est-à-dire livrer un témoignage fort et lever les tabous autour d'un sujet dont on parle trop peu.


Il s'agit du BRCA 1, une mutation génétique dont on a un peu entendu parler grâce à Angelina Jolie à une époque mais qui est tombée dans l’oubli depuis. Plus de 21 000 personnes en France sont concernées. Je suis Marguerite de Rodellec, bienvenue dans Cheminements.



Crédits


Ecriture : Marguerite de Rodellec


Production : MedShake Studio, studio de podcast spécialisé dans la santé, créé par Anca Petre et Margot de Rodellec.


Montage : Studio Module


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Episode Transcript

Bonjour à tous, je m’appelle Rebecca, je viens d’avoir 38 ans, et j’habite à Paris. Aujourd’hui je voudrais vous parler du BRCA, une mutation génétique dont on a un peu entendu parler grâce à Angelina jolie à une époque mais qui est tombé dans l’oubli depuis. Plus de 21 000 personnes en France sont concernées.


Ma mère et moi avons pris connaissance du fait que nous avions ce gène assez tard. Ma mère avait 53 ans. Et moi 29. 

Un jour ma mère, et sa soeur, qui avait eu un cancer à 38 ans, ont reçu un email d’une cousine, qui expliquait qu’elle avait mené une enquête et était remonter 50 ans en arrière, pour se rendre compte que toutes les femmes de la famille avaient eu un cancer, et décédées de cancer.

Évidemment, on n'a pas traîné pour aller voir un généticien. Ma mère s’est fait tester. Mais pas moi. Car dans ce genre de cas, on est obligé d’attendre qu’un parent ait fait le test, et soit positif, pour pouvoir faire le test soi même. Les résultats arrivent en trois mois. Six mois plus tard, j’ai donc appris que j’étais porteuse du gène.

Donc là tout s'accélère, tout s'enchaîne un peu pour moi. Parce que le gène BRCAA, c’est une mutation génétique qui prédispose au cancer du sein, mais aussi de l’utérus. Ce que le corps médical peut conseiller dans ces cas-là, c’est soit de se faire suivre tous les mois, soit de se faire opérer : en commençant par une ablation des seins et ensuite, à une ablation de l’utérus. Tout ça alors que l’on a aucune certitude d’avoir un cancer du sein ou de l’utérus. C’est la deuxième option que l’on m’a conseillée. J’avais presque 30 ans, j’étais célibataire.


Donc en 2015, je me fais opérer par une super équipe. Je suis plusieurs étapes : d’abord, on me met des prothèses mammaires pour élastifier ma peau. Ensuite, on opère un sein, puis l’autre.

Avec du recul je réalise que c’est celui là le pire moment, je suis dans le dur du parcours, et pourtant sur le moment je ne me rends pas compte. Mais, qu’est-ce que c’est dur de devoir s’approprier un nouveau corps. 


Je n’avais pas pris conscience à l’époque que je n’allais plus avoir la même poitrine, parce qu’en réalité, je n’allais plus avoir de glande mammaire, alors la prothèse se mettrait un peu où elle veut. Rien à voir avec les seins des magazines. Pendant 6 ans, je ne me suis plus regardée dans un miroir. J’ai appris à me dissocier de moi-même. Pendant des mois, je vais chez le kiné deux fois par semaine. Heureusement qu’il était là lui. C’est une des personnes qui m’a le plus aidée. Car pendant des mois, je rejette psychologiquement et physiquement ce nouveau corps. Pendant plusieurs années je l'occulte. Complètement. 

Et un jour, j’ai vu la série De celles qui osent. Un des personnages, Jane, est porteuse du gène BRCA. Et on la voit recevoir le diagnostic, suivre le parcours de soin, choisir l’opération, réfléchir à des projets de maternité, ou encore, vivre le jour où quelqu'un d’autre découvre ce nouveau corps. Et le fait de voir ce qui m’était arrivé à travers un personnage fictif m’a totalement bouleversée. Et c’est là que j’ai tout lâché. Ça m'a littéralement explosé au visage. 7 ans plus tard. Et c’est pour ça que je veux vous parler aujourd’hui. 

Pendant tout ce temps, je faisais tout ce que je pouvais pour ne pas en parler, pour que cela n’existe pas. C’est un mécanisme de défense. Mais ce que ça fait du bien de pouvoir en parler librement aujourd’hui ! Ca montre que j’avance dans la bonne direction.

Il y a un mois et demi, j’ai dû me faire réopérer, car ma prothèse était fissurée. Et vous savez quoi ? Ce que le chirurgien a fait est juste magnifique. Je commence tout juste à me réapproprier mon corps. J’ai envie de mettre des décolletés ! Et qui sait, peut-être que je vais enfin vouloir me mettre nue dans l’intimité ?

Merci de m’avoir écoutée.

Marguerite de Rodellec

Entrepreneur & Podcaster

Je suis l'animatrice de Cheminements et la présidente de MedShake Studio, studio de création de podcast spécialisé dans la santé.